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2001

PLUS DE 1300 SCIENTIFIQUES PRESSENT LE PREMIER MINISTRE DE DONNER PLUS DE POIDS À LA LOI SUR LES ESPÈCES EN PÉRIL

OTTAWA, ON, le 10 sept. /CNW/ - Dans l'une des plus importantes lettres collectives de l'histoire récente, 1 331 scientifiques du Canada et des Etats-Unis demandent expressément au Premier ministre Jean Chrétien de donner plus de poids au projet de loi sur la protection des espèces menacées ou en voie d'extinction au Canada.

Les membres de la communauté scientifique canadienne ont déjà adressé deux mémoires au Premier ministre pour le presser de renforcer les précédentes tentatives de législation sur les espèces en péril. Puisque le nouveau projet de loi (C-5) est encore plus édulcoré, les scientifiques du Canada et des Etats-Unis ont décidé de se regrouper pour l'améliorer.

Ces hommes et femmes de sciences s'inquiètent de la possibilité que le projet de loi C-5, Loi sur les espèces en péril (LEP), ne fournisse pas les garanties nécessaires pour protéger les 380 espèces actuellement menacées au Canada à cause de graves lacunes au sujet de la protection des écosystèmes et des espèces visées par la législation.

Les scientifiques du monde entier reconnaissent que l'élément clé de la sauvegarde des espèces réside dans la conservation et la remise en état de leurs habitats, c'est-à-dire les lieux où elles se nourrissent, se reproduisent et élèvent leurs petits. Selon ce projet de législation, la tanière ou le nid d'une espèce menacée ou en voie d'extinction serait protégé, mais pas l'habitat dont dépend sa survie. "Quiconque a des notions élémentaires d'écologie sait que, sans habitat, les espèces ne peuvent pas survivre. Une espèce sans habitat est vouée à l'extinction", a déclaré David Schindler, écologiste de l'université de l'Alberta.

Plus de 70 % des espèces canadiennes menacées séjournent aux Etats-Unis ou traversent ce pays lors de leurs migrations. Les lois américaines et mexicaines sur les espèces en danger de disparition rendent obligatoire la protection des habitats et l'absence d'une clause similaire dans la législation canadienne pourrait nuire gravement aux efforts mis en place en Amérique du Nord. Le fait de protéger, de chaque côté des frontières, les habitats des espèces communes revêt une importance vitale pour leur survie. "Les espèces qui franchissent les frontières ne sont plus protégées lorsqu'elles arrivent au Canada qui devient ainsi le maillon faible de la chaîne des espèces parmi les pays de l'ALENA", a mentionné Stephen Carpenter, président, Ecological Society of America.

Les scientifiques s'inquiètent également du fait que ce sont des hommes politiques et non des spécialistes des sciences qui décideront quelles espèces seront officiellement déclarées "en péril" et, par le fait même, protégées en vertu de la loi. Le projet de loi C-5 (LEP) donne le dernier mot aux ministres du cabinet pour cette liste. "Déterminer quelle espèce est menacée est un acte scientifique, pas un geste politique", a affirmé, Geoff Scudder, Ph.D., zoologiste de l'université de la Colombie-Britannique. "Pour être digne de foi, la loi doit avoir comme fondement un processus indépendant et scientifique visant à évaluer et à établir quelles espèces sont en péril. Les considérations politiques ne devraient pas être prises en compte au moment de décider s'il faut protéger une espèce ou non, mais plutôt quand il faut fixer quels sont les moyens à prendre pour la protéger."

Actuellement, la liste canadienne des espèces menacées et en voie de disparition est préparée par le Comité sur la situation des espèces en péril du Canada (COSEPAC). Pour ce projet de loi, même si le COSEPAC prépare une liste nationale des espèces en péril, les scientifiques ne joueront qu'un rôle consultatif. Le choix final des espèces protégées par la loi est une décision politique prise par le Cabinet fédéral à huis clos.

La liste des signataires réclamant la prise de mesures inclut 904 scientifiques du Canada, 378 des Etats-Unis et 49 du Mexique, de l'Europe et de la région Australie-Asie.

Le Comité permanent de l'environnement et du développement durable étudiera les amendements au projet de loi le mois prochain avant de le soumettre une nouvelle fois devant le Parlement aux fins de discussion avant l'approbation finale.

Le Canada n'a toujours pas respecté l'engagement international pris en 1992 d'adopter une loi pour protéger les espèces en péril et leurs habitats.

On peut obtenir le texte intégral de la lettre, la liste complète des signataires, des questions fréquentes, des notes documentaires et des photos pour diffusion dans les médias, en consultant le site à l'adresse www.scientists4species.org.



Renseignements:

Alison Turner, relations avec les médias, cellulaire, (514) 803-3363;
David Schindler, Ph.D., MSRC, MSR Killam Memorial, professeur d'écologie, département des sciences biologiques, université de l'Alberta, téléphone, (613) 238-1122 (après lundi : (780) 492-1291);
Geoff Scudder, Ph.D., MSRC, professeur émérite, département de zoologie, université de la Colombie-Britannique, téléphone, (613) 235-3333 (après lundi : (604) 822-3682);
Marco Festa-Bianchet, Ph.D., département de biologie, université de Sherbrooke, téléphone, (819) 821-8000 ext. 2061;
James N. Smith, Ph.D., professeur, département de zoologie, université de la Colombie-Britannique, téléphone, (604) 822-3363;


Scientifiques des Etats-Unis :

Peter Kareiva, Ph.D., U.S. Department of Commerce, Seattle, WA;
Stephen Carpenter, Ph.D., président, Ecological Society of America, université du Wisconsin, téléphone, (608) 262-8690.



Australian Scientists:

Dr. Hugh Possingham, Director of The Ecology Centre, Departments of Zoology and Mathematics, The University of Queensland, St Lucia, QLD 4072, Australia, ph. 61 7 3365 9766, Email: hpossingham@zen.uq.edu.au
Dr. Dan Faith, Principal Research Scientist, Biodiversity and Systematics, Australian Museum, Sydney, danf@austmus.gov.au
Dr. Craig Moritz, chair at UC Berkeley, formerly professor at the University of Queensland, ph: (510) 642-3281 Email: cmoritz@socrates.Berkeley.EDU

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